Sherbrooke (rue Desjardins), 22 juin 1994

Monsieur Serge Lacombe
Sherbrooke (rue Jogues)

06 h 55

Voilà maintenant que je me compromets avec toi par l’écriture, jusqu’où irai-je ? J’ai le goût de te parler et c’est en quelque sorte un moyen de t’atteindre.

Tu sais mon beau Serge, j’ai le goût de te dire à quel point ta fraîcheur et ta spontanéité me séduisent, tu es un reflet enfoui dans un coin de mon âme que j’ai cru bon de cacher pour me protéger. Autrement dit j’ai habillé ma propre spontanéité, je l’ai maquillé et son essence s’est endormie... mais à ton contact, j’ai le goût de la faire revivre, de la dépouiller pour mieux la vivre. Wow, en plus tu es une bonne source d’inspiration !

Hier soir tu disais qu’entre nous il y a une «chimie» au niveau intellectuel et aussi au niveau sexuel. Si en plus nous pouvons créer une «chimie» au niveau du coeur, de l’affectif... nous vaudrons toute une équipe d’accompagnement dans la vie l’un pour l’autre. Tu sais si je devais décrire le travail que j’ai à faire sur moi-même, je dirais que ce travail consiste à «créer un équilibre entre l’intellect et le senti» En ce moment, chez la plupart des humains Nord américains, l’intellect est hypertrophié par rapport au senti. Ma croyance est qu’en explorant le domaine des émotions, chaque être humain peut y puiser une richesse incommensurable car «l’émotion crée». Je crois que c’est là que se trouve enfoui les plus beaux trésors... Et en plus ils sont d’autant plus précieux s’ils sont partagés ! Non, mais tu m’inspires vraiment...

Et il est vrai que ta grande jeunesse me séduit aussi... mais me confronte beaucoup ! Ma plus grande peur là-dedans, c’est ton jugement. Vois-tu, non seulement tu es jeune de coeur mais tu as un corps d’un homme de vingt ans et d’un bel homme de vingt ans (aspect de toi que j’aime beaucoup). Or, là où je suis confrontée, c’est par rapport à mon propre corps. La vie est passée è travers moi et y a laissé des traces. J’ai vécu trois grossesses, j’ai allaité deux bébés et je ne me suis pas toujours bien alimentée. Par contre, je trouve que pour une femme de mon âge, le bilan est quand même positif... je suis fort présentable ! Mais là ou je suis le plus confrontée c’est que toi tu as trente-sept printemps mais ton corps a oublié de les compter. Alors tu déclenches chez-moi l’urgence d’un travail d’acceptation de cet aspect de moi-même et je ne suis pas sure d’y arriver car mon juge intérieur est très puissant et à l’oeuvre depuis longtemps ! Est-ce que ma soif de liberté intérieure saura me propulser jusqu’à l’acceptation ? (Dans le sens de me libérer) C’est à suivre ! Un dernier point sur cet aspect, cette peur de ton jugement cache mon besoin de te plaire qui grandit de jour en jour ( que veux-tu, tu te montres réceptif, «lire envahissable»)

Serge, je me rends compte que je suis en train de te faire une place importante dans ma vie et je suis bien en accord avec ça car j’ai le goût de vivre pleinement ce que se présente et que je juge bon pour moi.

En résumé, ta fraîcheur, ta spontanéité, ta jeunesse, ta qualité d’être et ton écoute à l’intérieur même de ton expression sont des «déclencheurs» exceptionnels pour moi. Tu es un jardin florissant, diversifié et accueillant. Wow !

Je t’embrasse le plus chaleureusement possible, XXX

Louisette Hamon